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LA SAINTE TRINITE 230603

Dernière mise à jour : 5 juin 2023


Photo jys 2008 Eglise de l'annonciation à Nazareth

Notre temps vit, on le sait, dans un matérialisme bien installé et une incroyance tranquille. Beaucoup manifestent cependant une réelle quête spirituelle et avouent leurs questions sur l’ultime de la vie, sur Dieu. Les uns le reconnaissent, Dieu, dans une pratique et un engagement résolus ; d’autres croient le percevoir dans l’énergie qui anime le monde ; d’autres au contraire le rejettent pour des images qu’ils ne peuvent accepter ; d’autres restent profondément étonnés et ouverts devant le mystère. Qui donc est Dieu ? La question est ouverte. Chrétiens, nous avons reçu de Jésus une parole sur Dieu. Il parlait de lui comme d’un Père, jusqu’à l’appeler "Abba" (c’est-à-dire "papa" dans sa langue !), le priant souvent la nuit, et s’en disait le fils. Il ne faisait qu’un avec lui, disait-il encore. Il parlait aussi de l’Esprit qu’il recevait de ce Père et qu’à son tour il promettait d’envoyer à ses disciples pour continuer sa présence. C’est après quatre longs siècles de réflexion et de débats que l’Église, réunie en conciles, en est venue à exprimer, avec les mots dont elle disposait, ce qu’elle pouvait dire du mystère : "Un seul Dieu en trois personnes". Comment rendre compte de la richesse prodigieuse de cette révélation ? Il faut revenir aux lectures de ce jour. Trois lectures disparates qui nous parlent de ce Dieu. Dans le livre de l’Exode, c’est "le Seigneur", le Tout-Autre que Moïse ne peut rencontrer que sur la montagne et dans la nuée. Il se rappelait le buisson ardent : "N’approche pas, cette terre est sacrée, avait-il entendu, je suis celui qui suis". Or, aujourd’hui, Dieu se révèle "tendresse, miséricorde, patience, amour, fidélité". Devant ce Dieu, Moïse est empli d’une immense confiance : "Daigne marcher au milieu de nous, tu pardonnes et tu feras de nous ton héritage". Voilà le Père. Chez Paul, on perçoit la joie qui anime la communauté de Corinthe, le désir de grandir en sainteté, le courage qu’on se donne de l’un à l’autre, la communion fraternelle. Il est là, l’Esprit, suscitant l’amour et la paix dans la communauté. Et, dans l’évangile, Jean a cette affirmation extraordinaire sur Dieu : le Père aime tellement les hommes qu’il "leur donne son Fils unique pour que personne ne se perde". En Jésus, Dieu vient donc à eux "non pour les juger, mais pour les sauver, pour leur donner la vie en plénitude", et ce, dès à présent, à la mesure de la foi qu’ils lui portent. C’est le Fils. Voilà donc qui est le Dieu des chrétiens : une seule volonté, un seul projet de salut du monde, trois modes de présence. Dieu Père, Fils, Esprit : ce mystère défie toutes les représentations simples et logiques. La clé, c’est l’apôtre Jean qui la donne ailleurs : "Dieu est amour". La voilà, la réalité essentielle dans laquelle se disent l’identité et la fécondité de notre Dieu. C’est d’amour qu’il s’agit, de relations créatrices, de communication de vie. Ce ne sont pas trois "personnes" juxtaposées, mais trois générosités qui se donnent l’une à l’autre sans rien retenir pour elles, chacune n’étant elle-même que par et pour les deux autres. Une énergie d’amour surabondante qui circule pour la vie des autres et qui, dans une expansion infinie, se communique aux hommes et à la création tout entière, en même temps qu’elle les inclut dans ce dynamisme. Ainsi est Dieu en lui-même… mystère qui nous dépasse. Eh bien, croire cela de Dieu, c’est dire en même temps le sens de notre vie d’hommes : nous sommes appelés à entrer dans ce dynamisme d’amour qui vient de Dieu et nous entraîne en lui, à aimer donc à sa manière, jusqu’à ce que, dit saint Jean "Dieu soit tout en tous". La vie nous est donnée pour vivre en communion avec les autres comme les trois personnes divines entre elles : non pour dominer ou posséder, mais pour faire exister l’autre et, dans ce don de nous-même, exister dans notre être le plus personnel, à l’image de Dieu. Cela ouvre des perspectives infinies qui nous engagent au titre même de notre foi. Ainsi, contre l’opinion commune, nous reconnaîtrons dans la différence des personnalités, des points de vue, des cultures, des spiritualités même, une richesse toujours offerte et porterons à chacun un accueil a priori et un infini respect. Contre l’individualisme ambiant, nous serons des hommes et des femmes de relation et de partage. Contre la peur de l’autre et la méfiance a priori, nous construirons nos relations avec les autres sur le don de nous-mêmes et la confiance sans cesse donnée et redonnée. Contre les discriminations et les exclusions, nous chercherons résolument à être solidaires, à renouer les liens, et à œuvrer courageusement pour la paix et la fraternité. C’est un véritable défi, en même temps qu’une grande espérance : l’histoire des hommes est ainsi appelée à devenir une histoire divine, entraînée dans l’amour qui est en Dieu. Oui, c’est vraiment une grande bonne nouvelle pour tous les déçus, les sceptiques et les chercheurs d’aujourd’hui. Elle nous est confiée.

Bernard Thomasset, sm


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ccsm
ccsm
05 de jun. de 2023

La photo du post représente l'église de l'Annonciation et non de la Trinité

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