Ce n'est pas parce qu'il s'agit de silence qu'il ne faut pas en parler. Cette carte postale estivale d'Olivier nous en dit un peu plus. Chut!
Pendant ces trois dernières semaines, j’ai vécu en ermite, ou presque. D’abord près de Montpellier puis à la Neylière (NDLR: dans les monts du Lyonnais) pour une retraite en silence et ici à Toulon dans notre résidence de la rue Victor Clappier.
Que dire, en quelques mots, de ces journées en silence ? Dans les trois lieux, le vécu était différent. Le premier, loin de mes repères habituels fut surtout consacré au sommeil et à la lecture. La retraite à la Neylière nous offrait un espace de paroles (multilingue) au dîner permettant de prendre des nouvelles de confrères venus des différentes unités européennes qui composent notre Province Mariste d’Europe. La vie dans notre résidence toulonnaise déserte m’assimile davantage à celle d’un concierge ou d’un veilleur de nuit. Différents contextes donc, d’intensité variable et au climat spécifique.
S’il fallait caractériser ce temps je lui donnerai en premier lieu un caractère purgatif. Le silence purifie, il permet d’évacuer les toxines et le stress. Accompagné d’une absence d’obligations professionnelles, il installe dans une forme de vacuité, de disponibilité, de patience, de contemplation. Il modifie notre rapport au temps : pas d’urgence ni de pression. Enfin le silence éveille les sens : sentir, voir, écouter, toucher. En éprouvant de l’intérieur, il nourrit le cœur et irrigue le cerveau qui se connecte au réel autrement. Ainsi naissent en nous des paroles neuves, des paroles à écrire, à représenter. Le silence emplit l’âme, il permet d’entendre les battements du cœur, de laisser advenir les grands désirs, de regarder les autres et cette terre, si souvent éprouvés, avec bienveillance et sollicitude. Le silence apprend à aimer.
Olivier Laurent. 7 août 2019
photo: jys